jeudi 29 décembre 2011

LE TRESOR DE LA MADELEINE

Depuis 1957, un trésor est caché entre le Mont Des Arts et la Grand-Place. Son nom : la Salle de la Madeleine. Au 14 de la rue Duquesnoy, une petite voie discrète longeant le Royal Windsor Hotel, une curieuse façade en arcades attire le regard du passant attentif. C'est là. La colonnade abritait d'abord un marché couvert, construit au XIX siècle, mais dans la fièvre des fifties et de l'Expo 58, exit les primeurs, place à la musique avec les architectes Marcel et Paul Mignot, qui transforment le vulgaire souk à légumes en temple de la nuit bruxelloise.
Le site www.memoire60-70.be, véritable mine d'or du rock belge, révèle l'histoire de ce lieu magique, de Ariane & les Dix-Vingt à Van Der Graaf Generator, en passant par le Bal des Fonctionnaires, rendez-vous amoureux bien connu des services de police. Aujourd'hui, la Madeleine est un peu défraîchie, mais son design est toujours saisissant, avec sa double volée d'escaliers métalliques encadrant une petite scène, sa longue coursive courant tout autour de la salle, et son extraordinaire kiosque à facettes rouge vif.
En cette veille de réveillon, alors que le champagne pétille partout dans les bouteilles, que va devenir la belle de la rue Duquesnoy ? Tombée un temps dans les bras d'un casino, elle paraît bien oubliée, tandis qu'une grue postée en vigie au dessus de la rue St Jean annonce sans doute les petites frappes de la piraterie immobilière, qui s'apprêtent à faire main basse sur le magot de la Madeleine.

Rue Duquesnoy 14
1000 Bruxelles

Liens :
www.memoire60-70.be

lundi 19 décembre 2011

LE MONSTRE DU MIDI

Science & Vie annonce que les scientifiques seront bientôt en mesure de faire revivre des dinosaures ou des mammouths. Voilà qui a peut-être inspiré Jean Nouvel, qui pour son projet sur la Gare du Midi ressuscite les pires utopies des années 60 : une immense double barre en V de 120 m de haut, soit un peu moins que la Tour du Midi (150 m), et 3 fois plus que les immeubles en gradins de la rue Fonsny (40m).
Les premières images de ce mastodonte, qui étaient d'une brutalité effrayante, ont été remplacées sur internet par de plaisantes vues de nuit, effets lumineux, fondus enchaînés dans le paysage et autres vieux trucs d'architecte, destinés à faire passer ces falaises en béton armé pour d'amusants jeux de lumières. La vue de la maquette, elle, ne trompe pas et donne une idée du monstre, qui écrasera le centre ville de Bruxelles, Anderlecht et le bas de St-Gilles sous ses façades vertigineuses. Mais comment justifier ce colosse grotesque ? Jean Nouvel prétend qu'il en fera la "porte de la Capitale de l'Europe". Vu de Paris, peut-être. Vu de Bruxelles, ce monument babylonien sera un cauchemar. Le symbole de l'Europe écrasée sous le poids de ses dettes, sans doute.
Pourtant, il n'y a pas si longtemps, la Gare du Midi était ce bâtiment en briques élégant, moderne, remarquablement dessiné par Fernand Petit, Adrien et Yvan Blomme, qui accueillait généreusement les voyageurs en leur offrant l'heure du haut de son beffroi Art Déco, lamentablement détruit dans les années 90.

Liens :
Quartier Midi
Inventaire du Patrimoine Architectural

mardi 13 décembre 2011

OPTIC 50

Ce petit bijou à lunettes qui brille dans la nuit, c'est Speybrouck Optique, un étonnant échantillon de design fifties, dessiné par l'architecte Raoul J. Brunswyck sur l'avenue Charles Woeste. Un auvent métallique, 8 consonnes et voyelles façon Scrabble et une paire de Ray Ban en néon bleu, qui regardent les voitures tourner autour de la place Philippe Werrie, à un clin d'oeil du métro Belgica.

Speybrouck Optique. Avenue Charles Woeste 327, 1090 Jette 

mercredi 7 décembre 2011

ALTITUDE 100

Quand le train rentre le soir en Gare du Midi, on aperçoit sur la droite une lumière qui brille comme un phare au dessus de Bruxelles. C'est le clocher de l'église Saint Augustin, éclairant la ville depuis la place de l'Altitude Cent. 100 mètres, ça n'a l'air de rien, mais c'est quand même le sommet de la capitale belge. C'est aussi un étonnant ouvrage construit en 1933 par les architectes André Watteyne et Léon Guiannotte. Avec peu d'argent, mais de bonnes idées, ils réalisent en béton armé ce belvédère Art-Déco selon un plan très simple, reprenant les axes des rues. On a du mal à le croire, mais dans les années septante, l'église a bien failli être rasée pour faire place à une vulgaire station de métro. Heureusement cet acte barbare n'a pas eu lieu, et le clocher d'Altitude 100 brille toujours dans le ciel bruxellois.

Place de l'Altitude 100, 1190 Forest

samedi 3 décembre 2011

LES RAQUETTES DE LA TOISON D'OR

Entre le 20 et le 30 avenue de la Toison d'Or, face à The Hotel (ex Hilton), s'étend une vaste parcelle en terre battue, enjeu d'un match serré depuis qu'on en a éliminé il y a 10 ans les vieilles maisons de maîtres fin 19e / début 20e qui avaient le malheur d'occuper le terrain. Après une interminable partie de ping-pong, l'architecte Ben van Berkel (UNStudio) est monté au filet pour donner la victoire à l'équipe ProWinko et servir ce projet un peu étrange, dont les structures évoquent bizarrement la forme de raquettes de tennis. Des raquettes ? Au pays de Justine Henin, rien d'impossible. Elles viendront tenir compagnie à la statue du gnome batracien qui s'ennuie toujours en solo au milieu de l'avenue.

UNStudio :
www.unstudio.com