jeudi 28 novembre 2013

LE PALAIS TIMBRÉ

En attendant de pouvoir un jour visiter le Palais Stoclet, avenue de Tervuren, on peut se consoler en admirant les jolis timbres publiés en 1965 par la Belgique, et par la Tchéquie en 2007. L'architecte philatéliste y découvre quelques vues inédites du chef-d'œuvre de Josef Hoffmann, à ranger dans son album Yvert et Tellier, référence incontournable dans le vaste domaine des petites vignettes à tamponner.

avenue de Tervueren 279-281, 1150 Bruxelles

dimanche 24 novembre 2013

LE FANTOME DU METROPOLE

Un spectre hante la rue Neuve, parmi la foule des piétons brûlants de fièvre acheteuse, entre Celio, Zara, Hema, Inno et Mango : le Métropole, le plus grand cinéma de Bruxelles.

Nous sommes en 1932. Bien connue des amateurs de bières, la famille Wielemans a demandé à l'architecte Adrien Blomme, déjà auteur de la brasserie de Forest (le futur Wiels), de réaliser une salle de 3000 places. Façade en marbre de travertin, verrières en courbes et contre courbes, double balcon, bas-relief de Zadkine au dessus de l'écran, décoration luxueuse de Raymond Nicolas, rien n'est trop beau pour le Métropole, dont l'appartement du directeur, au dernier étage, comprend quinze pièces et un ascenseur privé. L'inauguration a lieu le 27 octobre, starring la Reine Elisabeth et la Princesse Astrid.

Scénario bien connu, quarante ans après, en 1971 la salle est mutilée pour être transformée en multiplexe. C'est le générique de fin pour le Métropole, qui tire le rideau en avril 1994, cédant la place aux magasins P&C, Zara, puis H&M. La façade, miraculeusement conservée, a été récemment enveloppée d'un filet jaune inquiétant.

Le vulgus brusselus pecum qui achète ses slips chez Hennes & Mauritz sait-il que Marlene Dietrich a murmuré ich liebe dich là où s'alignent désormais des linéaires de culottes made in China ? Qu'à la place de gondoles de chaussettes, des dizaines de milliers de spectateurs ont combattu le Capitaine Bligh au côté de Clark Gable himself ? Et qu'Ossip Zadkine, dont le bas-relief doré est toujours caché quelque part dans les murs de l'ex-ciméma, n'est pas une marque de streetwear, mais un sculpteur d'origine russe dont il existe un musée à Paris ?

Rue Neuve 30, 1000 Bruxelles

LIENS :
Cinemake
Mémoire 60-70
Ossip Zadkine


dimanche 17 novembre 2013

AERO TEXACO

Si la passion irraisonnée des Bruxellois pour leurs voitures a conduit au massacre de nombreuses rues, telle l'avenue Louise, ou la transformation de places extraordinaires, comme le Sablon, en vulgaires parkings, elle a aussi eu quelques heureux résultats architecturaux. Ainsi à Ixelles, avec cette étonnante, aérienne, aérodynamique station-service qui décolle au coin de la rue Van Eyck et de la Chaussée de Vleurgat. Qui fut l'architecte de ce garage supersonique ? Je ne sais. Je n'ai pas trouvé son nom sur l'empennage de l'appareil.
Note : station-service détruite en 2024






28 octobre 2024

jeudi 24 octobre 2013

LES VITRAUX DE WOLUWE

A Bruxelles comme en France, les églises se vident. Outre le bouleversement culturel et spirituel qu'elle représente dans un pays depuis toujours marqué par le catholicisme, cette désertification prive le public de la visite d'édifices souvent très étonnants. Qui connaît, par exemple, les vitraux de Notre-Dame, à Woluwé St Pierre ?

Construite au milieu des années 60, d'après un projet daté de 1958, l'église surprend d'abord par sa forme originale et sa structure apparente, en escalier. A l'origine, une énorme toiture pyramidale était prévue, mais l'histoire raconte que la gaffe d'un ingénieur obligea les architectes René Aerts et Paul Ramon à modifier leurs plans. Faut-il voir une intervention divine dans cette erreur de calcul ? En tout cas, le résultat est à mon avis beaucoup plus réussi.

Certes, les antennes de gsm fixées sur le toit sont un peu déplacées, mais les fidèles partis, il faut bien payer les factures, alors Dieu et Belgacom, même combat.
On éteindra quand même son téléphone pour visiter Notre-Dame. Et là, révélation, on découvre que les murs sont en fait d'immenses vitraux, contrastant avec l'esthétique monochrome et orthogonale des façades extérieures. Le principe n'est pas nouveau : séparer mur et structure, remplacer les parois par la lumière des vitraux, c'était aussi le langage du gothique, qu'on retrouve notamment dans la Sainte Chapelle de Paris. Mais son interprétation, qu'on pourrait presque qualifier de Mondrian psychédélique, est très moderne.

Dans un coin, cette signature :
Pierre Majerus
Maître verrier : Meester Glasenier
Bruxelles
1975-1976

Notre-Dame
Rue de l'Eglise
1150 Woluwé St Pierre


Liens :
Inventaire du patrimoine
Pierre Majerus 

jeudi 12 septembre 2013

PALAIS DE LA FOLLE CHANSON

Paris à sa place de l'Etoile, Bruxelles son rond-point. Ici, pas d'arc de triomphe, mais un palais : le Palais de la Folle Chanson.

Mais d'abord, quel est ce refrain insensé, cet air dément, cette ballade foutraque ? Outre qu'il s'agit d'une des 7 avenues qui convergent vers l'étoile, la Folle Chanson était une statue de Jef Lambeaux, sculpteur qu'on ne disait pas encore - comme aujourd'hui - sulfureux, mais qui se fit remarquer par des œuvres jugées licencieuses. Le bas relief Les Passions Humaines, parc du Cinquantenaire, fit scandale en 1899, et reste encore un peu maudit. A l'Etoile, c'était une nymphe dévêtue, qui chantait un air olé olé en s'accompagnant aux castagnettes. Diable. Hélas la statue n'est plus là, reste le Palais.

C'est l'architecte Antoine Courtens qui met en musique cet ensemble d'appartements de luxe en 1928. Au centre, sur l'angle, une coupole, qui n'est pas sans rappeler un observatoire astronomique, d'où rayonnent 7 branches, autant que d'avenues. Au RDC, un hall circulaire, posé sur quelques marches, à l'enseigne de la Folle Chanson. A l'intérieur, la rampe d'escalier enroule ses volutes art-deco sur des portées métalliques.

Il y a un petit côté phalanstère dans ce palais, qui n'est pas seulement un empilement de logements, mais qui offre aussi à ses copropriétaires des espaces communs, notamment la terrasse du dernier étage, tel Le Corbusier lui-même.

2 Bd Général Jacques 1050 Ixelles

Lien : www.irismonument.be